« Peuple de l’Equinox, toi qui as placé ta confiance en notre compagnie, entends nos paroles et contemples nos exploits. »

Hyldar, Murmure de l’Automne

 

L’expédition débuta sous les meilleurs auspices. Alors qu’un premier détachement embarqué dans un navire rapide et bien équipé faisait voiles pour les terres mystérieuses de Mythodea afin d’établir un campement, les membres du clan parvinrent à embaucher un navigateur intrépide du nom de Fabianus Jexer. Investie d’une mission vitale pour le Peuple de l’Equinox, c’est le cœur empli de confiance que notre compagnie laissait derrière elle les terres sacrées du Darach.

Notre navire, un gros porteur aux cales surchargées de matériel, dut faire une première escale dans le port colonial de Freiborgus, seule communauté d’importance d’une île aux brumes persistantes. Alors que le navire s’apprêtait à appareiller, de jeunes aventuriers aux manières frustres embarquèrent à leur tour pour les terres de Mythodea. La cohabitation fut difficile, les nouveaux arrivants passant leur temps à se livrer à des jeux puérils ou à parler de leurs exploits, inventés pour la plupart, risibles pour les autres. Melas, en voyageur expérimenté, n’eut aucun mal à trouver le sommeil, au contraire de Fizzly et Pixie, qui commençaient déjà à tirer leurs armes pour réduire ces jeunots au silence. Hyldar, voyant que la situation risquait de dégénérer, tenta une négociation. Après pourparlers, le conflit fut heureusement désamorcé.

La traversée fut longue, le peu de nourriture embarqué parvenant à peine à sustenter l’équipage du navire… Une nuit, alors que la fatigue nous accablait, une tempête éclata, déroutant complètement notre navigateur. Des éclairs mystiques zébraient le ciel, tandis que des brumes aux couleurs fantasmagoriques nous entouraient. Aux cris paniqués des marins, nous comprîmes que nous avions dévié de notre cap, pour pénétrer dans la zone du Maelström! Finalement, alors que tout espoir semblait perdu, notre navire perça un banc de brouillard, et nous parvînmes au cœur de l’épicentre du phénomène. Là, un énorme cristal d’un blanc laiteux occupait le centre d’un tourbillon, qui nous attirait irrésistiblement. Alors que l’équipage paniqué tentait de changer de trajectoire, un éclair blanc frappa le navire et nous aveugla. Lorsque la vision nous revint, nous nous trouvions au milieu d’une étendue d’eau calme, et inconnue. Passée la surprise du phénomène, notre vigie lança un cri d’alerte. Des côtes se profilaient à l’horizon ! Nous accostâmes à l’aube sur des terres bien mystérieuses.

 

1er jour

 

Nous ne mîmes pas longtemps à découvrir l’existence d’une agglomération sur la côte. A peine débarquée dans un petit port commercial, notre expédition eut affaire à des douaniers zélés, qui exigèrent une taxe de séjour pour le moins prohibitive. Notre mission ne sachant souffrir d’aucun délai, nous nous acquittâmes rapidement de ces frais, et, chargés de notre matériel, nous décidâmes d’entamer nos recherches ici. Quelle ne fut pas notre surprise lorsque nous découvrîmes deux de nos compagnons, Tarys et Skipin, qui nous attendaient à la sortie du port! Tout à notre joie de les revoir, ils nous informèrent rapidement de la situation. Eux aussi avaient essuyé une tempête de nature magique, et ils nous apprirent que ce n’était point à Mythodea que nous étions, mais dans une terre étrange appelée Monde Miroir. Bien décidés à tirer tout cela au clair, c’est d’un pas décidé qu’ils nous conduisirent au campement de l’expédition.

Nous ne fumes pas déçus, les quelques membres de l’Equinox envoyés en éclaireurs avaient abattu un travail considérable et dressé un camp à même de répondre aux besoins de l’expédition. Joignant nos efforts aux leurs, nous réussîmes à installer les dernières structures vitales au bon déroulement de notre quête d’exploration.

Notre première mission fut de réunir vivres et fourrage en suffisance. Par chance, une ville d’une taille importante se situait non loin de notre campement. Bien que cette agglomération foulait du pied tous les préceptes du Darach, nous primes notre courage à deux mains en nous enfonçant dans cette jungle urbaine. Alors qu’une partie de l’expédition se perdait dans les dédales de la cité, Arkena et Hyldar se mirent en quête de fourrage. Se mêlant à la foule, Hyldar remercia d’un murmure Gaoithe, qui, de son souffle subtile, souleva les jupes d’une autochtone, offrant un avant-goût des mœurs légères des habitants de la région. Revenant à leur mission commerciale, les membres de l’expédition se heurtèrent à des marchands plutôt à cheval sur les horaires. La tâche ne fut donc pas aisée, et ce fut finalement Boreal qui parvint à un accord avec les commerçants. Pendant ce temps, Fizzly, l’un des rôdeurs de notre compagnie, succombait aux paroles mielleuses des marchands de la ville. Impressionné par cette débauche de marchandises exotiques, il se retrouva rapidement encombré d’une impressionnante quantité de matériel.

Le périple en mer ayant ouvert l’appétit des membres de l’expédition, Terkas s’attaqua à la préparation d’un festin composé de fruits succulents et de canard préparé avec talent. Ce fut un régal, un moment d’échange et de convivialité qui rapprocha les membres de l’expédition perdus dans ces terres mystérieuses.

Fourbus par le voyage, mais satisfaits d’avoir monté un camp digne de ce nom et assuré l’approvisionnement de l’expédition, les membres de la compagnie gouttèrent à un repos bien mérité.

 

2ème jour

 

Au matin du deuxième jour, la compagnie découvrit qu’Hyldar ne supportait pas de dormir entre quatre murs, et c’est à la belle étoile qu’il comptait passer ses nuits. Certains membres murmuraient qu’il avait des puces, et que c’était heureux qu’il ne partage pas une tente… Il fut décidé que cette journée serait consacrée à l’exploration des abords immédiats du camp et de la ville. Fizzly se porta volontaire pour une nouvelle descente dans la cité marchande, arguant qu’un tel rassemblement était suspect et qu’il serait plus aisé d’y réunir des informations sur la situation actuelle de la région. Plusieurs membres donnèrent leur accord et décidèrent de l’accompagner.

Des rumeurs de guerre grondaient, la région semblait être la proie d’instabilités, alors que de grands bouleversements se profilaient à l’horizon. Se mêlant à d’autres aventuriers en quête de gloire, la compagnie écouta d’une oreille attentive divers représentants officiels qui rappelaient aux nouveaux venus les lois en vigueur dans la cité. Fort heureusement, ils s’exprimaient dans diverses langues, si bien qu’il nous fut possible de comprendre l’essentiel de leur discours. Le reste de la journée fut consacré à l’exploration de la cité. Fizzly commençait à accumuler un stock impressionnant d’armes et d’armures…

Le soir arrivant, nous décidâmes de renouer nos liens avec Leacht, notre mère nourricière, en nous rendant à un établissement de bains. Bien que certains membres masculins aient lourdement insisté pour des bains mixtes, les hommes se rendirent finalement en premier aux bassins. Nus comme au premier jour, c’est une joyeuse bande de Glands qui s’ébattit dans les eaux chaudes mises à leur disposition. Haraldur se livra à des acrobaties de haut vol, et ajouta deux fruits très personnels à une grappe de raisin qui traînait par là. Étrangement, il fut le seul à en manger par la suite…

Alors que le reste de la compagnie se dispersait dans la ville, Melas, enfin propre, décida de rejoindre le campement. En effet, une partie de son matériel avait été perdue en mer, endommagée lors du débarquement, volée par des brigands, dévorée par les mites… Habile de ses mains, l’elfe se mit au travail et s’attela à la création d’une magnifique armure de guerre, digne d’apparaître dans les chansons. Absorbé par sa tâche, il délaissa plusieurs délégations étrangères de passage dans le campement de l’Equinox, l’artisanat accaparant toute l’attention de l’elfe. Les Cuirs de Melas, futurs ateliers de grand renom, étaient nés…

 

3ème jour

 

Au matin du 3ème jour, la compagnie s’éveilla sous un soleil de plomb. La chaleur força les membres de l’Equinox à quitter leurs abris de toile, alors que Terkas farfouillait fébrilement dans les réserves du camp. Il cherchait le matériel nécessaire à la confection du précieux breuvage nommé Kas-phé. Seul le Kas-phé parvient encore à calmer la rage matinale de Terkas, et tous apprirent à redouter le Terkas sans Kas-phé. Peu après, les trois conseillers de la Confrérie de l'Equinox, Boreal, Haraldur et Melas, invitèrent les membres de l’expédition à se réunir pour le premier conseil de la quête du Gland d'Or. La Confrérie s’installa aux abords d’un petit bois, et statua quant au bon déroulement de la suite des opérations. Il devint clair que pour parvenir à nos fins, nous devions trouver des alliés, quitte à nous impliquer dans leurs affaires en leur apportant notre soutien. Mais nous ne devions pas perdre de vue notre objectif du Gland d'Or. Ce Monde Miroir, infesté d’ennemis, était bien trop dangereux pour un groupe seul. Aussi, nous devions impérativement partir à la recherche d’alliés partageant nos idéaux.

Alors que les jours passaient, d’autres compagnies d’aventuriers s’étaient installées autour de notre campement. Bien décidés à trouver des alliés, une partie de la compagnie, menée par Haraldur et Walden, se rendit auprès de disciples de Terra, une puissante entité élémentaire. Nous apprîmes qu’elle était tombée au combat il y a peu, et que son essence était dispersée dans ce monde étrange, sous forme de cristaux. Voyant en Terra une incarnation de nos idéaux, nous décidâmes de venir en aide à ses suivants. Accompagnés d’une prêtresse de Terra, plusieurs membres de l’Equinox se lancèrent dans un puissant rituel d’identification, afin de retrouver des parcelles de l’essence de l’être élémentaire. Menés par un Melas survolté, ils effectuèrent la danse de l’Heumeug, en s’accompagnant de chants aux pouvoirs antiques. Enthousiaste à l’extrême, Haraldur meurtrit sa propre chaire en se frappant les cuisses en rythme. Bien qu’ayant abouti, le rituel ne nous apprit malheureusement pas grand-chose…

Ne se laissant pas démonter, les valeureux membres de la Confrérie qui n’avaient pas été écrasés par la chaleur décidèrent, sur la foi de rumeurs, de se rendre dans un lieu mystique, Le Trône d’Or. Une puissante entité, Nimoe la Dame Blanche, sainte pour la Mort-Vivance, y tenait conseil. Elle était susceptible de détenir des informations sur l’âme dispersée de Terra. Le voyage jusqu’au trône fut périlleux, et nous dûmes franchir maints obstacles avant d’atteindre ce lieu de pouvoir.

Entouré de ruines, le Trône d’Or dominait une colline aride, impitoyablement battue par un vent brûlant. Drapée dans sa ténébreuse majesté, la Dame Blanche nous faisait face, accompagnée de ses plus fidèles lieutenants. N’écoutant que son courage et son audace, Haraldur s’avança fièrement vers l’engeance mort-vivante, refusant dans un premier temps de ployer le genou face au trône. Mais dans sa grande sagesse, et conscient des enjeux de cet entretien, il finit par s’exécuter, non sans lancer une dernière pique à nos interlocuteurs. Habile orateur, Haraldur posa à la Dame Blanche une série de questions pertinentes, nous permettant de mieux appréhender ce Monde Miroir. Entité sans âge, la Dame Blanche nous apprit qu’elle déployait une énergie incroyable pour conserver intacte l’âme de Terra, égarée dans ce monde. Sans ses efforts, cette incarnation de la terre serait perdue à tout jamais… Elle nous proposa alors une alliance de circonstance, nous suggérant de tourner notre attention vers la Ratio, une puissante faction hostile dont les divers éléments détiendraient des fragments de l’âme de Terra. Toutes ces informations méritant attention et discussions, nous prîmes congés de la Dame Blanche, bien décidés à rejoindre notre campement.

De retour au camp, le moment était propice pour discuter de la suite des événements. Certains membres de la confrérie étaient d’avis de s’allier aux morts-vivants, d’autres rejetaient avec force cette idée, arguant que cela allait à l’encontre des principes du Grand Cycle. Dans une impasse, il fut décidé qu’un petit groupe discret serait envoyé au Trône d’Or afin d’obtenir plus d’informations. Mené par Haraldur et Walden, le groupe d’éclaireurs reprit une route désormais bien connue…

Si le voyage se déroula sans encombre, les choses se gâtèrent une fois les ruines en vue. Les collines entourant le Trône d’Or étaient infestées d’ennemis, des morts-vivants visiblement hostiles. Faisant appel à leurs talents de rôdeurs, les éclaireurs de l’Equinox s’infiltrèrent rapidement et rejoignirent les ruines, alors que la rumeur de combats éclatait non loin… Quelle ne fut pas notre stupeur en découvrant qu’en lieu et place de la Dame Blanche se dressait un sinistre individu hérissé de lames, avatar d’une colère sans limite. Entouré de ses minions, le Maître des Lames, puissante entité de la Ratio, nous faisait face. L’urgence poussa Haraldur à mener un entretien expéditif avec cette entité. Elle nous apprit être un des dirigeants de ce Monde Miroir, un monde qui serait prêt à nous accueillir, nous autres colons, pour peu que nous abandonnions nos anciennes croyances, au profit de l’ordre et de la logique. Ne pouvant fouler ainsi nos traditions et notre mode de vie, Haraldur manœuvra habilement pour mettre fin à l’entretien sans provoquer le courroux de son interlocuteur, et nous commençâmes à nous éloigner rapidement des ruines…

Malheureusement, les combats s’étaient rapprochés. Affaiblie, Walden doutait de pouvoir survivre à un affrontement. Faisant appel à leurs pouvoirs de dissimulation, les éclaireurs parvinrent à esquiver un temps les séides morts-vivants qui leur faisaient désormais face. Le combat finit par éclater entre les éclaireurs de l’Equinox et les sombres créatures, leur puanteur exacerbée par la chaleur écrasante. Bien qu’habiles et valeureux, nous n’étions malheureusement pas assez nombreux pour résister à la multitude qui nous faisait face, et nous engageâmes un mouvement de repli. Alors qu’Hyldar, d’un tir malchanceux, menaça de blesser Skipin, Boréal fut poursuivi par un puissant guerrier de la non-vie. Blessé à la cuisse, il ne dut son salut qu’à l’intervention héroïque de Melas, qui se jeta avec toute la fougue et la puissance d’Adharc sur son ennemi, le brisant d’un puissant coup d’épée.

Éreintés et blessés, les éclaireurs parvinrent finalement à rejoindre le campement. Ayant rapporté toutes les informations obtenues, ils se mêlèrent au reste de la confrérie pour goûter à un repos bien mérité.

Un petit groupe décida de se rendre dans la cité voisine, afin d’y bénéficier de quelques soins et services. Se rapprochant un peu trop de leur côté animal, Boréal, Fizzly et Hyldar décidèrent de recourir aux services d’un barbier, qui, de sa lame aiguisée, adoucit quelque peu les traits des trois aventuriers. Pendant ce temps, Arkena s’essaya à un jeu d’adresse, qu’elle finit par maîtriser avec un peu d’entraînement. Bien que le forain insista pour qu’elle fasse encore montre de son talent, la guerrière préféra rejoindre ses compagnons.

Quelque peu reposés, plusieurs membres de l’Equinox repartirent en quête, explorant plusieurs petits villages et campements proches. Lors de leurs errances, ils découvrirent un lieu de savoir, la Bibliothèque d’Aeris. Suite à une maladresse, Melas manqua de bouter le feu au bâtiment, imbibant d’huile une bonne partie d’une des façades… La menace d’un incendie géant planait désormais sur l’artisan.

De retour au camp, le petit groupe découvrit que Tarys et Sârâ s’étaient attelées à la confection d’un festin. Elles avaient engagé pour l’occasion un maître queux, Jack le Serviable. Usant d’épices secrètes et d’ingrédients savoureux, les cuisiniers nous offrirent un Curry de Fearg de premier ordre. Lors du repas, Arkena utilisa sa ruse pour tromper Hyldar, qui mordit à pleines dents dans un gros morceau de gingembre. Peut-être était-il heureux qu’il dorme dehors…

La nuit tombant, la confrérie décida de se mêler aux réjouissances qui se déroulaient en ville. Investissant une taverne, l’expédition se livra à l’antique rituel des Animaux Totems, sous les directives d’Ahauran. Demandant adresse et intelligence, ce rituel avait pour but de lier les membres de l’Equinox et les rapprocher de leurs animaux totems. Fizzly se montra particulièrement habile, entraînant les membres de la Confrérie dans une danse effrénée. Hyldar, peu aidé par ses voisins Arkena et Melas, fut rapidement perdu. De son coté, Tarys renouait avec les fauves qui étaient en elle, alors que Pixie nous faisait découvrir des animaux aux comportements pour le moins surprenant…

Alors que certains membres de la confrérie s’éclipsaient, d’autres décidèrent de se rendre dans un établissement plus exotique, où les danseuses se mêlaient aux vapeurs entêtantes des narguilés. Bien que le tenancier semblait être la proie d’une ivresse avancée, Melas parvint finalement à un accord, et c’est une chicha gracieusement payée par Arkena qui termina d’accabler de fatigue les membres fourbus de l’Equinox

 

4ème jour

 

C’est sous un ciel gris que la confrérie se réveilla le quatrième jour de l’expédition. Une tempête avait éclaté la nuit, forçant Hyldar à rejoindre piteusement le refuge de Skipin. Enfermé toute une nuit entre quatre murs de toile, le malheureux fut atteint d’une crise de lycanthropie le matin venu. Séquelles du rituel des Animaux Totems? Sous les yeux effarés de ses compagnons, ses jambes se transformèrent en pattes de fauve. L’opération devait être douloureuse, puisqu’il se déplaçait désormais avec lenteur, en grimaçant… Par chance, la transformation ne dura pas longtemps.

Se mêlant aux brumes matinales, une odeur de sang et de fumée planait autour de nous. Au loin résonnait le son d’une cloche, alors que des cris d’alarme éclataient dans les campements proches. Cette journée serait placée sous le signe de la guerre.

Une puissante phalange de la Glace Noire s’était avancée sous le couvert de la nuit et menaçait désormais les abords du camp. Réunissant en hâte leurs armes, les membres valides de l’Equinox se rendirent courageusement sur le champ de bataille, où déjà s’affrontaient des clones de la Glace Noire et des aventuriers. Le combat fut brutal et confus, nos troupes rapidement éparpillées sur la plaine embrumée. Arkena et Fizzly se retrouvèrent cernés par un régiment ennemi, qui massacra les aventuriers qui combattaient aux côtés de nos deux guerriers. Capturés, ces derniers furent livrés aux tortionnaires de la Glace Noire, qui pratiquèrent un étrange rituel sur les deux membres de l’Equinox. Pour une raison inconnue, ils furent ensuite relâchés, et c’est d’un pas hésitant qu’ils regagnèrent nos lignes.

Pendant ce temps, la bataille tournait à l’avantage des aventuriers coalisés, qui recevaient sans cesse des renforts. Au prix de nombreuses pertes, la Glace Noire fut finalement repoussée. Ivres de rage, de nombreux aventuriers poursuivirent les derniers régiments ennemis en déroute. Entraînés par le flot de la guerre, plusieurs membre de l’Equinox se retrouvèrent à combattre les fuyards. Au terme d’une chasse qui dura plusieurs heures, les troupes coalisées finirent par s’arrêter dans une plaine aride, écrasée par le soleil. Recherchant désespérément ombre et points d’eaux, les aventuriers commencèrent à regretter la folie qui s’était emparée d’eux. Alors que les troupes se réunissaient pour entreprendre le long retour, des tambours de sinistre augure résonnèrent au loin.

Surgissant de collines avoisinantes, une importante troupe de morts-vivants se déversa en une marée implacable sur les aventuriers éreintés. De sanglante, la bataille se transforma en boucherie. Repoussés jusqu’à un bosquet, les aventuriers tentaient désespérément de se replier. Au plus fort des combats, Haraldur et Hyldar repérèrent un puissant mort-vivant qui semblait contrôler une partie des assaillants. Décochant flèche sur flèche, les deux archers de l’Equinox finirent par faire ployer le genou à l’entité de la non-vie. Hérissé de traits, l’abomination tourna son regard vers les deux guerriers, et lâcha dans un souffle terrible :

« Nervan, le Prince des Morts, vous maudit. » Alors que son corps brisé basculait en arrière, une ombre s’en détacha et se dispersa sous le soleil. La perte de leur chef sembla affecter les troupes ennemies, qui se débandèrent. Éreintes, les aventuriers profitèrent de cette opportunité pour fuir.

Les membres de l’Equinox parvinrent finalement à rejoindre le camp. Brisé par la fatigue, Hyldar, votre serviteur, se retira dans un coin du campement, où il sombra dans un sommeil agité. La suite des événements fut donc confuse. A son réveil, il apprit qu’un Conseil du Monde avait été organisé dans la cité voisine, regroupement de plusieurs délégations de Colons de Mythodea. Haraldur et Walden y auraient assisté. Plus grave, la rumeur de la mort de Terra grondait un peu partout. Effaré, Hyldar apprit de la bouche même de Melas que le corps et l’esprit de l’entité avaient été réunis, mais que Terra avait succombé à cette opération. Accompagnant une procession, Melas et Haraldur auraient ensuite emporté la dépouille de l’entité vers sa dernière demeure. L’accablement et la fatigue empêchèrent malheureusement votre serviteur de pousser plus loin ses investigations…

Plusieurs heures passèrent avant que quelques membres de la Confrérie ne se décident à se rendre en ville, ayant eu vent des exploits passés d’Arkena à un jeu d’adresse. Méprisant l’usage des boules en fonte mises à leur disposition, ils s’essayèrent plutôt au tir à l’arc sur de petites cibles symbolisant un équipage de pirates. Terkas utilisa son œil de lynx et fit étalage de son talent en abattant d’une flèche parfaite la cible symbolisant le capitaine pirate, supplantant ses camarades aux talents pourtant considérables. De retour au camp, son exploit arracha des larmes de fierté au maître de tir Hyldar, qui se savait définitivement surpassé.

De son côté, Boreal farfouillait dans les étals de la ville, à la recherche de matériel. Son choix se porta sur une magnifique paire de bottes, dont la souplesse lui permettrait de se déplacer sans un bruit. Heureux de son achat, il se décida à regagner le campement, quand son regard fut attiré par l’échoppe d’un forgeron. Quelle ne fut pas sa surprise quand il découvrit que l’enseigne de l’atelier était un gland massif, strié d’éclairs. Y voyant un signe évident du Darach, il pénétra dans le bâtiment. Ce qui se passa ensuite tint de la légende. Certains murmurèrent que Gliocas s’était incarnée en forgeron, et qu’elle confia une lame de grande puissance à Boreal. D’autres chuchotèrent que cette lame était un fragment fossilisé d’une branche du Darach, et qu’en entrant dans l’échoppe, Boreal entra directement en communion avec le Père Chêne. D’autres enfin conclurent que Boreal avait bu un coup de trop, et que l’arme, bien que magnifique, n’était finalement qu’une lame normale. Dans tous les cas, Boreal ressortit de la forge avec une splendide dague en forme de plume.

Le soleil déclinant, les membres de l’Equinox se réunirent au camp pour le désormais traditionnel festin. Ahauran s’était proposée pour la confection des délicieux plats du jour, qui mijotaient depuis le matin. Fèves et lard constitueraient le festin. Délicieux, le repas fut vite dévoré, les écuelles raclées jusqu’au bois. Nos cuisiniers savaient y faire, et nous régalaient depuis le commencement de l’expédition.

Rassasiée, la confrérie se rendit en ville, pour récolter rumeurs et tavernes assécher. Alors que les chopines circulaient et que jongleurs et cracheurs de feu virevoltaient, nous entendîmes une troupe de ménestrels. Melas se fit grave d’un coup, toute son attention focalisée sur le chanteur principal de la troupe. Il venait de reconnaître son père, qui avait décidé de quitter l'île de Cliabhan plusieurs années auparavant. L’émotion le tenaillant, Melas ne put que saluer son père de loin, et ne prit même pas la peine de voir si ce dernier lui avait rendu son salut…

Alors que les membres de la confrérie regagnaient le campement, Tarys enquêtait sur une rumeur. On murmurait dans certaines ruelles obscures de la cité qu’un gland en or massif aurait été aperçu, accroché au cou d’un homme. D’autres disaient qu’il n’en était rien, et que le gland était une métaphore graveleuse. D’autres encore chuchotait que cet homme était un sacré gland, qui se prenait pour un grand. Doutant du sens des prophéties, Tarys finit par se demander si le Gland d'Or n’était finalement pas une personne, incarnation du Darach parmi les mortels. Poussant plus en avant son enquête, elle finit pas mettre la main sur un guerrier, un certain Lingus, au passé célèbre, et qui se plaisait à rappeler ses exploits d’antan. Rapidement, un rendez-vous dans un établissement de bains fut fixé, où il y serait effectivement question de gland. Mais flairant un piège, Tarys déclina l’invitation…

 

5ème jour

 

C’est au son des cloches et des cris d’alarme que la confrérie s’éveilla le matin du cinquième jour de l’expédition. Alors que certains sortaient à peine de leur abri, flèches sifflantes et cris de douleur les accueillirent au saut du lit. Les campements proches étaient pris en tenaille par un ost de la Ratio et un détachement de la Glace Noire. Haraldur, Melas et Hyldar, équipés à la hâte, s’élancèrent pour prêter main forte aux défenseurs débordés. Tentant une percée, les trois guerriers se retrouvèrent vite entourés par des ennemis de la Ratio. Mal réveillé, Hyldar rata la plupart de ses tirs, mais ses compagnons profitèrent quand même de la confusion engendrée pour éliminer plusieurs ennemis. Voyant que des renforts arrivaient, l’ost ennemi préféra se replier.

De retour au campement, les trois guerriers ne purent que partager l’effarement du reste de la compagnie en découvrant qu’Arkena était la proie d’une grande confusion. Elle parlait désormais de feu purificateur, de forêts embrasées et de vérité par la flamme. Pour ne rien arranger, Fizzly faisait lui aussi montre de symptômes troublants, en se montrant encore plus versatile que d’ordinaire. La situation allant en s’aggravant, la compagnie décida de se mettre en quête en cherchant un thaumaturge capable de guérir nos deux compagnons. La tâche ne fut pas aisée, une grande agitation s’étant emparée de nos voisins. Le conflit qui ravageait la région semblait avoir atteint son paroxysme, et tous se préparaient pour les événements à venir. Nous finîmes par trouver un mage non loin de la ville, près d’étranges ateliers magiques. Sollicitant notre aide, il entama un rituel d’exorcisme sur Arkena. Douloureuse, l’expérience n’en fut pas moins salvatrice, et le mage parvint finalement à purger la guerrière de l’emprise maléfique de la Glace Noire. Quant à Fizzly, fort heureusement, son état devait s’améliorer de lui-même…

En retournant au campement, il devint évident qu’un conflit de grand ampleur allait éclater. Les tambours roulaient au loin, alors que des compagnies en armes, chant martial aux lèvres, se dirigeaient pas colonnes entières vers un quelconque champ de bataille. Au milieu de toute cette agitation, notre confrérie tomba sur Uranus, champion d’une puissante faction affiliée à Terra. Ce dernier sollicita notre aide pour appuyer un guerrier élu lors d’un duel face à une puissante entité mort-vivante. Uranus s’exprimait dans une langue étrange, aussi nos informations étaient lacunaires… Néanmoins, nos meilleurs archers s’équipèrent en conséquence, et rejoignirent une colonne de guerriers qui se dirigeaient vers le Trône d’Or. Le reste de la Confrérie de l'Equinox les suivit de près. La route fut longue, le soleil écrasant impitoyablement les guerriers qui n’avaient pas pris le temps de se nourrir convenablement. Prenant position dans les ruines entourant le Trône d’Or, l’attente commença. Les archers de l’Equinox débutèrent un rituel martial, afin d’affûter leurs sens et d’ajuster leur visée. Les heures passèrent sans que l’ennemi ne se montre, si bien qu’un détachement de la Confrérie décida d’aller chercher du ravitaillement pour la troupe. A peine furent-ils parti qu’un sinistre roulement de tambour éclata au loin… Des cohortes de morts-vivants apparurent au loin, noircissant la plaine de leur présence impie. Un détachement de morts-vivants s’approcha du Trône, réclamant le duel tant attendu qu’on leur avait promis. Alors que notre champion s’avançait contre l’entité mort-vivante, nos archers embusqués dans les ruines lâchèrent sur l’ennemi une volée meurtrière, sonnant le début des combats. La mission principale de la coalition était de gagner du temps pour un puissant rituel magique. Un puissant champ protecteur entourait le Trône, permettant à la prêtresse de Terra d’officier. Des escadrons rapides de morts-vivants nous entourèrent rapidement, coupant la colline et le Trône d’Or du reste du monde. Des grêles de flèches s’abattaient impitoyablement sur les guerriers massés autour de la prêtresse de Terra, dont l’énergie protectrice permettait encore de tenir en respect les hordes ennemies qui nous encerclaient. Nous tentâmes quelques sorties héroïques, mais le poids du nombre se faisait impitoyablement sentir… Alors que nos espoirs s’amenuisaient, le rituel pour lequel nous étions prêts à nous sacrifier aboutit enfin. Nos troupes se réunirent alors pour tenter une percée, tandis qu’au loin résonnait l’appel de nos amis venus en renfort. Dans un dernier effort, la coalition dévala la colline, heurtant de plein fouet la ligne ennemie. Se couvrant mutuellement, les derniers survivants cherchèrent à rejoindre les lignes de nos alliés venus nous prêter main forte. Ces derniers tentèrent une percée sanglante, mais furent refoulés au pied de la colline. Coincée au milieu d’un groupe de morts-vivants, Ahauran ne put échapper à l’assaut furieux d’une goule qui lui dévora une oreille. Elle ne dut son salut qu’à l’intervention audacieuse d’Arkena. Blessés, éreintés, bien peu parvinrent à échapper à cette bataille sanglante… Haraldur échappa de peu à la mort, alors qu’Hyldar fut grièvement blessé. Fort heureusement, Pixie sut leur apporter les premiers soins, permettant aux rescapés de rejoindre la relative sécurité du campement.

L’après-midi touchait à sa fin, lorsque la rumeur d’une ultime bataille atteignit nos oreilles. Les dernières troupes ennemies se réunissaient dans une plaine, décidées à en finir avec la coalition d’aventuriers et de colons qui occupaient le pays. Ces derniers s’étaient réunis en une masse disparate, sans commandants dignes de ce nom pour les mener au combat. Les membres de la Confrérie encore valides se rangèrent à leurs côtés, pour une ultime bataille. Au loin résonna le son d’un tambour…

Les cohortes ennemies avancèrent, Glace Noire et Mort-Vivance se partageant la ligne de bataille. Leur assaut fut implacable, nos rangs désorganisés ployant sous la masse ennemie. Reculant sans cesse, nos troupes tentaient vainement de se protéger face à ces marées. Nos archers tiraient leurs dernières flèches, alors qu’Arkena se retrouvait coupée de notre groupe. En solitaire, elle se fraya un chemin sanglant à travers les forces ennemies, déterminée à nous rejoindre. Au paroxysme du combat, l’inimaginable arriva. Fizzly, premier rôdeur de notre Confrérie, succomba sous les coups de la Glace Noire. Engagé dans un duel à mort face à un champion ennemi, frappant avec la vitesse de la foudre, Fizzly ne put parer un dernier coup vengeur de son adversaire. Alors que ses dernières forces le quittaient, Fizzly, l’Ombre Grise, lança un dernier défi moqueur au champion de la Glace Noire, qui l’acheva impitoyablement. Pris de folie, Fizzle et Jizzle , voyant leur cadet succomber, se jetèrent à leur tour dans la mêlée, ne se souciant pas des coups qu’ils recevaient. Bien qu’ils ne fussent équipés que de dagues, la colère vengeresse les transforma en foudres de guerre. Le carnage fut terrible. Par malheur, Jizzle succomba à son tour, submergé par la masse ennemie, et le sort de Fizzle restait incertain. Nous chanterons leurs exploits. Finalement, l’ardeur ennemie s’essouffla, tandis que des renforts arrivaient pour soutenir les aventuriers. La dynamique du combat fut renversée, les aventuriers repoussant lentement les cohortes ennemies. Au terme de pertes effroyables, l’ennemi décida de rompre le combat, repu de sang et de carnages. S’il s’agissait d’une victoire pour les aventuriers, le prix à payer était trop lourd pour la célébrer.

Alors que la fumée des combats retombait enfin, les membres de la confrérie se réunirent une fois encore dans une taverne de la cité. De nombreux verres furent levés en l’honneur de Fizzly, Jizzle et Fizzle, qui s’étaient sacrifiés héroïquement pour la survie de l’Equinox. Leur souvenir ne serait pas oublié.

Profitant d’une accalmie, la Confrérie tint un conseil informel, dressant un bilan de la situation. Il était capital de décider de la suite des opérations, la quête du Gland d'Or restant au cœur de nos préoccupations. Quelques rumeurs encourageantes laissaient à penser que le Gland d'Or pouvait effectivement se trouver dans cette région du Monde Miroir. Maintenant que nous avions réussi à établir des contacts amicaux avec plusieurs groupes, notre quête s’en trouverait grandement facilitée. Les épreuves traversées par la Confrérie avaient plus que jamais lié entre eux les aventuriers. Unis dans une même quête, la Confrérie de l'Equinox était prête à aller au bout de sa quête.

Nous formions désormais une seule entité, une seule famille : la Voix de l’Automne.

Malheureusement, nos réserves de vivres et de matériel atteignaient un stade critique, de même que nos finances. Bien que doué, Melas ne parviendrait pas à lui seul à assurer nos revenus avec son artisanat. Aussi fut-il décidé qu’un retour sur Cliabhan s’imposait. Nous y trouverions tout le matériel nécessaire pour une nouvelle incursion dans le Monde Miroir, et, qui sait, d’autres alliés du Peuple de l’Equinox seraient susceptibles de nous rejoindre dans notre quête. Les saisons chaudes touchant à leur fin, la compagnie s’équipa de vêtements épais pour le retour. Quelle ne fut pas notre surprise, au détour d’une échoppe, de découvrir Fizzle, bien vivant, et en train de dévaliser la caisse d’un marchand qui plus est! Avec un clin d’œil, et deux doigts levés vers le soleil, en hommage sans doute à ses deux frères tombés au combat, le gredin s’éclipsa rapidement… A l’aube du sixième jour, la Confrérie de l'Equinox rejoignit le navire de Fabianus Jexer, qui nous attendait au port.

Une année serait nécessaire à la préparation de la prochaine expédition, mais nous reviendrons. C’était une promesse.

 

Je marche dans une vieille forêt, un chant murmure à travers les arbres. Je n’en comprends pas les paroles… Les montagnes proches, les couleurs connues –étrange. C’est une contrée inconnue. Cherche l’été, le lieu où l’arc-en-ciel touche la terre, couvre les yeux, vois ! paysages beaux, fabuleux… Où sont les frères les sœurs, quand je suis si seule ici, entre des murs vides ? Je cherche en une crête de montagne où vit le vent…

Je trouve !