« Peuple de l’Equinox, toi qui as placé ta confiance en notre compagnie, entends nos paroles et contemple nos exploits. »

Hyldar, Murmure de l’Automne

 

Une nouvelle année dans le Cycle s’est écoulée. Et je faiblis. Le Père Chêne faiblit. Je suis las d’écrire cette même rengaine, entrée après entrée dans nos chroniques, las de cette lenteur, tandis que notre peuple périclite. Mais je dois garder espoir, et puiser du réconfort dans le Cycle, car sans lui, il n’y a plus rien.

Une nouvelle année, une nouvelle expédition. Gliocas, ma muse, ma main, laisse-moi encore conter au monde nos exploits.

Cette troisième grande expédition devait être la plus importante en termes de moyens déployés. Galvanisés par nos précédents exploits, nous œuvrâmes une année durant à sa préparation. Outre des moyens matériels conséquents, nous pouvions compter sur l’arrivée de nouvelles recrues de choix, à l’énergie et la motivation débordantes. Fous que nous avions été de nous montrer méfiants à leur égard la première fois ! Arfast, un farouche forgeron homme-loup, et sa compagne Briinah, pétillante sœur de Missina, sauraient réinjecter de la sève fraiche dans cette expédition. Nous avions également le plaisir de compter désormais dans nos rangs la féroce Alrune, une guerrière amazone.

Les objectifs de l’expédition étaient le renforcement des défenses du Gland sur le Monde Miroir, d’apporter notre aide au Pacte, et de poursuivre les négociations pour l’implantation d’une colonie en Atthagar.

Alors que les membres de la Confrérie réunissaient leur matériel et se rapprochaient du Havre du Lotus, un premier groupe s’activait déjà au chargement du navire dans une petite crique, non loin du port. Le Mûmak Doré ne prêtait pas de mine, mais ses cales étaient vastes. Arkena et Tarys furent les premières à mettre la main à la pâte, supervisées par Melas, de passage. Peut-être que la présence de l’elfe rendit nerveux l’équipage, mais, au moment de l’appareillement, le Mûmak Doré accrocha un rocher traître, malgré les cris d’alarme d’Arkena et de Tarys. La coque fut gravement endommagée, et réclama des réparations d’urgence. L’expédition ne sachant souffrir d’aucun délai, la Confrérie prit la décision de poursuivre l’aventure à bord du Mûmak Doré, bien que fragilisé. Le navire se dirigea vers le Havre du Lotus, pour le gros du chargement.

Terkas attendait le navire au port. Un matin, il eut l’heureuse surprise d’être rejoint par Ahauran, dont nous avions perdu la trace. Bien que le travail manuel semblait quelque peu la rebuter, elle retroussa les manches de son Ulkar dès l’arrivée du Mûmak Doré au Havre du Lotus. Escortant un chargement de minerai, Arfast se joignit aux derniers préparatifs. Quelque peu distant, il était entièrement focalisé sur son travail. Retenu par des affaires urgentes, Hyldar arriva finalement, accompagné d’une délégation du Haut Conseil. Ils chargèrent en toute hâte une mystérieuse caisse, particulièrement volumineuse, et frappée du sceau du sceau de l’Equinox.

Alors qu’une partie de la Confrérie regagnait une auberge du Havre du Lotus pour attendre nos derniers compagnons, Arkena et Hyldar montèrent à bord du Mûmak doré pour se diriger vers le Comptoir de Nualtan, où nous attendait le reste de la cargaison. Bien que le navire longea tout du long les côtes de Cliabhan, l’équipage du Mûmak Doré n’était pas rassuré. La lourde cargaison rendait la navigation difficile, et les avaries de la coque n’arrangeaient rien. Arkena prit sur elle de motiver l’équipage, n’hésitant pas à aider lors des manœuvres. Hyldar, comme à son habitude, s’avéra inutile en matière de navigation.

Le Mûmak Doré finit par accoster au comptoir elfique. L’équipage se dispersa rapidement dans les estaminets du coin, afin de profiter un peu de l’escale. La traversée jusqu’au Maelström allait être longue et périlleuse.

 

1er jour

 

Les dockers elfes chargèrent du mieux qu’ils purent les dernières marchandises dans les cales surchargées du Mûmak Doré. Plusieurs froncèrent les sourcils en constatant le tirant d’eau extrêmement important du bâtiment, mais s’abstinrent de commentaires, décorum elfique obligeant… Finalement, l’équipage appareilla, et le Mûmak mit les voiles en direction du Maelström.

Une heure à peine après le départ, un mousse paniqué remonta des cales sur le pont, hurlant que plusieurs voies d’eau étaient apparues dans la coque. Alors que les charpentiers de l’équipage tentaient de colmater les fuites, nous eûmes le bonheur de voir approcher par tribord un navire de guerre elfique du Comptoir de Nualtan. Le second du navire nous interpella avec cette phrase désormais devenue légendaire : « La charge utile, ça vous dit quelque chose ? » Nous remorquant jusqu’au Comptoir, le capitaine elfe, un vétéran, nous sermonna longuement, bien qu’amicalement. Arrivés au comptoir, la marine elfique hésita longtemps à nous facturer ce sauvetage. Mais finalement, conscients de l’importance de notre mission, ils ne firent pas de suite. Ils nous interdirent toutefois de reprendre la mer en l’état, le Mumâk Doré ne pouvant naviguer avec une cargaison aussi lourde.

Coincés au Comptoir de Nualtan, Arkena et Hyldar cherchèrent en vain une solution. Aucun navire n’était disponible au port. Qu’aurait fait Boréal, dans sa grande sagesse ? Sa présence nous manquait. Alors que le moral était au plus bas, nous distinguâmes au loin un navire en approche. Quelle ne fut pas notre surprise, à son arrivée, d’y découvrir à bord Terkas et Rove ! Pressentant un danger, les deux membres de la Confrérie avaient affrété en toute urgence un second navire pour épauler le Mûmak. Leur clairvoyance allait sauver l’expédition. Galvanisés, les deux équipages répartirent la cargaison entre les deux bateaux. Le Sombre Manouche, au profil élancé, allait désormais ouvrir la voie pour notre flottille.

 

2ème jour

 

Malgré ce léger contretemps, nous partîmes l’esprit et les cales plus légers. Une fois en haute mer, nous eûmes à subir des conditions de navigation difficiles, vents et pluies nous ralentissant. Mais le Maelström semblait avoir perdu de son mordant. Plus nous approchions de l’épicentre du phénomène, plus l’inquiétude nous gagnait : le Maelström semblait inactif. Après plusieurs heures de navigation, le verdict tomba : le cœur du Maletröm, cristal de passage vers le Monde Miroir, avait disparu. Désappointés, nous décidâmes de poursuivre notre route vers le continent de Mythodea, afin de contacter nos alliés du Pacte.

Accostant dans une petite crique, au sud du continent, nous envoyâmes plusieurs messagers. De nombreux jours passèrent avant d’en voir revenir un. S’il n’avait pas réussi à contacter le Pacte, il nous avisa d’importants déplacements de troupes en direction d’un lieu mythique, la Forge des Ames. Nos alliés ne pouvant passer à côté d’un tel rassemblement, nous décidâmes de rejoindre les forces en mouvement. Peut-être y trouverions-nous un moyen de gagner le Monde Miroir et le Gland d’Or.

Longeant les côtes avec le Mûmak Doré et le Sombre Manouche, nous finîmes par atteindre un petit port, où plusieurs navires déchargeaient déjà hommes et matériel. Accostant un peu à l’écart, nous envoyâmes quelques éclaireurs. Rapidement de retour, ils nous avisèrent que le Pacte se trouvait bien dans la région, dans un énorme campement fortifié non-loin de la Forge des Âmes ! Tenus par notre serment envers le Pacte, nous déchargeâmes notre matériel et rejoignîmes le camp de nos alliés.

Encore en cours d’édification, la taille et la puissance du campement du Pacte étaient impressionnantes. Nos alliés nous accueillirent dans l’allégresse, et après plusieurs effusions de joie, même de la part de Terkas, nous commençâmes à monter notre camp non loin des portes fortifiées. Terkas et Rove s’investirent particulièrement, le premier pour installer son mobilier, la seconde pour nous sermonner sur notre lenteur et la faiblesse de nos nœuds !

En fin de journée, nous eûmes le bonheur d’accueillir de nombreux membres de la Confrérie. Ces derniers avaient suivi la même piste que nous. Leur périple fut égaillé par de nombreux imprévus, dont une réserve d’alcool éventrée, un gouvernail défectueux, une vieille mystique particulièrement agressive lors d’une escale… Naviguant à bord d’un navire dont l’équipage était entièrement constitué de femmes paillardes, ils étaient désormais accompagnés par Tuvi, une jeune matelot. Cette dernière transportait une cargaison de biscuits, derniers vivres comestibles de son navire à quai… Elle avait décidé d’aider la Confrérie à monter le campement, et de séjourner un moment parmi nous !

Si l’installation du camp se déroula bien, quoique lentement, Terkas fut mortifié de découvrir que son instrument à cordes fétiche avait subi plusieurs dégâts lors de la traversée. En colère, il préféra s’éclipser quelques instants. Nous entendîmes ensuite dans la forêt voisine plusieurs craquements inquiétants.

Le soir venu, nous nous couchâmes tôt, éreintés par le voyage. Mais c’était sans compter nos voisins direct, un campement du peuple du loup particulièrement animé…

 

3ème jour

 

Profitant au maximum du confort de nos tentes, nous émergeâmes en fin de matinée, alors qu’Arkena était déjà affairée dans la préparation du Kas-Phé. A moitié endormis, nous eûmes la surprise et le bonheur d’accueillir dans le camp les derniers membres de la Confrérie, Fizzle, Mélas et Ahauran. Venant en dernier, sa chevelure toujours aussi flamboyante, venait Haraldur. Les quatre aventuriers avaient profité des services du capitaine Relizzle et d’un navire rapide.

Ne manquait à l’appel que Boréal, parti plusieurs mois avant le départ de l’expédition dans une mission secrète de longue durée. Alors que nous mettions les derniers coups de marteaux, et que nous dressions fièrement notre totem de l’Equinox sur la palissade du campement du Pacte, aux côtés des autres symboles des clans, nous aperçûmes à l’horizon un voyageur solitaire, encombré d’un lourd sac de voyage. Boréal. Nous étions désormais tous réunis.

Tout à la joie de nous retrouver, le Gardien des Traditions confia à Tarys une lettre de son père. Bouleversée, elle décida d’en retarder la lecture… La Confrérie étant au complet, nous décidâmes de présenter formellement ses nouveaux membres. Briinah et Alrune furent accueillies sous applaudissements. Lorsque vint le tour d’Arfast, ce dernier réclama notre attention. Le visage grave, il se présenta, et nous parla de son foyer, de son métier de forgeron, de son bannissement. Alors, s’emparant d’un lourd sac, il annonça vouloir apporter toute son aide à la Confrérie. Et pour cela, ses talents d’artisan allaient être employés.

Alors que l’émotion l’étreignait, Arfast nous appela à tour de rôle, afin de nous confier à chacun une dague, forgée de sa main, en adéquation avec nos caractères, nos aspirations, nos philosophies.

A Alrune, Kellari, la Serre Furieuse.

A Ahauran, Idilin, l’Epoux.

A Rove, Stellaris.

A Missina, Héritage.

A Briinah, Eclat de Lune.

A Cardonielle, Le Scalpel.

A Kal Dogan, Amour Inoubliable.

A Fizzle, Infortune.

A Terkas, Ingénieuse.

A Noxxia, Paroles.

A Boréal et Arkena, L’âmes Sœurs.

A Mélas, Feuille Chantante.

A Tarys, la Lame des Sept.

A Hylar, Chroniques.

A Haraldur, Souplesse.

Hyldar annonça ensuite à la Confrérie qu’une dernière caisse devait encore être déchargée, celle portant le sceau du Haut Conseil. Accompagné de Boréal, ils se rendirent auprès des douaniers du port. Ces derniers faisant du zèle, il fallut toute la force de persuasion des deux compagnons pour convaincre les autorités portuaires de décharger la caisse au contenu mystérieux. Alors que Boréal et quelques dockers parvenaient bon gré mal gré à la transporter sur une petite rade, Hyldar se retrouva coincé par une montagne de paperasse et de procédures à signer…

De retour au camp, Boréal sollicita l’aide de la Confrérie pour déplacer cette caisse qui posait bien des soucis. Quelle ne fut pas la surprise des membres de l’Equinox en découvrant, en lieu et place du conteneur, une énorme créature ! Assemblage de roches, ossements et bois, elle semblait attendre. Boréal se souvint alors d’une lettre qu’Hyldar lui avait confiée, marquée du sceau du Haut Conseil. En prenant connaissance de son contenu, la Confrérie fut avisée qu’il s’agissait d’un présent des anciens clans de l’Equinox, les clans Ursia, Goupil et Uniel’Vin. Ahauran et Haraldur en furent gonflés d’orgueil, bien que n’étant pas au courant des projets de leurs propres clans.

La créature se nommait Anima. Bien que lacunaires, les informations de la missive permirent d’apprendre qu’il s’agissait d’une construction arcanique, basée sur d’anciens plans. Créatures de légende, les Animas seraient des armes protectrices issues du Darach lui-même ! Afin de fonctionner, un champion devait être lié avec une Anima.

La Confrérie tâtonna un moment pour réussir à faire bouger la créature, et il apparut finalement qu’elle réagissait à la musique. Que Mélas ignore cette information, par pitié… Entonnant quelques chansons, la Confrérie conduisit l’Anima jusqu’au campement.

Arkena et Tarys furent ensuite appelées à la tente de commandement du Pacte, afin de remplir leurs obligations de Porte-bannières. Y furent évoqués les principaux objectifs du Pacte : reprendre la Forge des Âmes des mains des anti-éléments, traquer les Kalgerons de la région et trouver le Herald correspondant à la lame runique détenue par l’Ost Noir, afin de le détruire définitivement.

Le Pacte devait ensuite se réunir devant les portes du campement, en armes, et se tenir prêt à partir au combat. Tout en s’équipant, la Confrérie eut la surprise de découvrir que Terkas avait profité de quelques instants pour fabriquer une redoutable machine de siège, affectueusement surnommée « La bouseuse » ! Enfin, le Pacte dans son ensemble s’amassa devant les portes fortifiées. Konorson prit alors la parole du haut du rempart, et galvanisa les troupes par un discours enflammé. Il n’en fallut pas plus pour le Pacte, qui chargea la Forge des Âmes dans le plus grand désordre… Mais l’ennemi attendait, puissantes cohortes de morts-vivants, appuyés par des troupes disciplinées de la Ratio. Du haut des remparts de la Forge se tenaient de nombreux archers ennemis, qui faisaient pleuvoir une grêle de flèches sur nos forces. Le Pacte, comme à son habitude, pratiqua une succession d’attaques éclairs et de replis. Entre temps, des troupes du camp du Sud s’étaient jointes au conflit, assurant une masse de combattants.

Mélas s’illustra au combat, en prenant la tête d’une unité d’archers qu’il avait constituée récemment. Appuyé par son fidèle Peter Gland, il s’était lancé dans une campagne de recrutement massive et invasive… Malgré l’efficacité des archers, Fizzle frôla la mort lors d’un combat. Un vieil ennemi, Nerval le Prince des Morts, semblait avoir repris du service, et il terrassa le pauvre roublard d’un violent coup. Pour parachever le massacre, un golem de la Glace Noire, de passage, broya le torse du guerrier déjà inconscient. Fizzle ne dut son « salut » qu’à l’intervention de Konorson et de Rove, qui puisa dans ses forces magiques pour le sauver in extremis.

Konorson sonna finalement la retraire, ces combats ne visant finalement qu’à éprouver les défenseurs de la Forge. De retour au campement, la Confrérie pansa ses plaies. Cela fait, Cardonielle se dirigea vers l’infirmerie du Pacte afin d’installer un atelier pour les alchimistes. Propulsée responsable de ces derniers lors du Thing du Pacte de Sang, elle allait leur enseigner l’art de la préparation rapide de potions de soins. A peine remis sur pieds par l’ensemble de nos soigneurs, Fizzle se lança dans un plan louche dont il avait le secret. Sollicité par Farys, notre ami interprète, il embrigada plusieurs membres de la Confrérie dans une vendetta en ville ! Alrune, Kal Dogan et Missina s’improvisèrent alors en truands à la petite solde, et tentèrent de tabasser l’avocat commis d’office par la prison de la ville… S’en suivit plusieurs épisodes rocambolesques, qui impliquèrent un peu de ruse, les charmes d’Alrune fagotée en fille de joie, le crâne de Missina et son délicat de coup de tête, les talents à la course de Kal… Bien qu’ayant plus ou moins abouti, l’opération de solda par l’arrestation de Missina. Libérée sous caution, elle gardera quelques puces des geôles, et une certaine inimité de la garde.

De son coté, Tarys finit par prendre connaissance du contenu de la lettre de son père. La missive la plongea dans la plus grande confusion, et elle décida d’en garder le contenu secret. Seuls Boréal et Hyldar furent informés, au grand dam d’Ahauran ! Afin de remonter le moral de la Confrérie, Rove se lança dans la confection d’un festin. Des lapins à la moutarde égaillèrent un repas joyeux, marque de fabrique de la Confrérie. Alors que nous attaquions les digestifs, plusieurs de nos jeunes voisins firent du racolage dans le campement du Pacte. Ils cherchaient à instaurer des jeux, anciennes traditions de leur clan. En substance, il s’agissait d’un concours d’assassinats fictifs, appelé Coupe de Sang. Les jeux devaient commencer le lendemain. Fizzle en profita pour s’éclipser, sans doute pour lancer quelques-unes de ses affaires plus ou moins honnêtes…

La soirée fut un délicieux mélange d’alcool et de musique, un groupe de musiciens particulièrement doués nous ayant fait l’honneur de venir jouer dans notre camp. La qualité de leur interprétation fut quelque peu dénaturée par l’enthousiasme de Mélas, qui reforma pour l’occasion Elfluth, le groupe de sa jeunesse… Kal se découvrit des « talents » de troubadour. Les musiciens ne s’attardèrent pas plus longtemps, et un léger silence s’installa.

Ahauran en profita pour lancer une assemblée, afin d’élire le champion qui serait lié à l’Anima. Fizzle, de retour, prêta son concours, ainsi qu’Haraldur. Le choix se ferait sur la base d’une épreuve d’esprit. Y furent soumis plusieurs candidats, dont Rove, qui étonna le jury par ses réponses, dignes d’un gourou sectaire particulièrement extrémiste ! Finalement, ce fut la pétillante Briinah qui tira son épingle du jeu. Elle fit la différence en étant prête à sacrifier sa propre sœur pour la réussite de sa quête, si son propre sacrifice ne fonctionnait pas. Un tel engagement impressionna les juges.

Une certaine lassitude accabla ce soir-là la Confrérie, terrassant même l’énergique Tarys. L’inquiétude rongeait Hyldar, qui y voyait une affliction liée à l’affaiblissement du Darach.

 

4ème jour

 

Une cloche sonnant à la volée tira du lit la Confrérie dès le petit matin. Les Morts-Vivants attaquaient le campement ! A peine équipés, plusieurs membres de la Confrérie se joignirent au combat, le Pacte parvenant à repousser les cohortes ennemies jusqu’à la Forge. Nergal se tenait à nouveau en première ligne, galvanisant ses troupes grâce à ses sombres pouvoirs. Arkena fut grièvement blessée au bras, la forçant à regagner le camp. Terkas de son côté, étonna l’ensemble de la Confrérie en se rendant au combat sans Kas-Phé ! L’énergie surnaturelle qui l’habitait le motiva suffisamment pour sortir la Bouseuse, et, appuyé par Halardur, ils firent feu par deux fois sur un golem de la Glace Noire, ébranlant la sombre créature. Mélas pour sa part utilisa à nouveau efficacement son unité d’archers, et les efforts conjugués du Pacte forcèrent les troupes ennemies à se replier dans leur forteresse.

A peine rentrés au camp, les membres de la Confrérie furent sollicités pour une seconde attaque, en représailles à l’assaut de notre fort. La Bouseuse fut à nouveau employée, Hyldar se joignant aux artilleurs. La rumeur de l’efficacité de l’arme de siège devait avoir circulé dans les rangs ennemis, puisqu’elle fut chargée par un bataillon mort-vivant dès le début de l’affrontement. Terkas, Haraldur et Hyldar s’en tirèrent de justesse, mais la Bouseuse fut gravement endommagée. Pis, Arfast fut grièvement blessé, perdant une oreille au combat ! Le reste de la bataille fut confus, aboutissant sur un statut quo.

Prenant quelque repos, la Confrérie jugea que le moment de lier Briinah à l’Anima était venu. Les combats pouvant éclater à n’importe quel moment, il nous fallait mettre toutes les chances de notre côté. Utilisant une amulette et son propre sang, Briinah lia son destin à la créature arcanique, qui la reconnut comme championne. Loué soit le Darach ! Jouant habilement d’un ocarina, la guerrière pourrait diriger cette arme efficacement. Et elle fut rapidement mise à l’épreuve, le Pacte lançant une nouvelle sortie. En effet, des cohortes ennemies s’étaient enfoncées dans nos lignes, attaquant le camp voisin de l’Eisern. Un golem de la Glace Noire y faisait des ravages.

Briinah décida immédiatement d’envoyer l’Anima face à ce redoutable ennemi. Armée de son ocarina, elle dirigea l’arme du Darach droit sur le camp de l’Eisern. Escortée par le Pacte, la Confrérie s’enfonça dans le combat. Soudain, nos troupes cessèrent de progresser : le golem ennemi nous faisait face. Briinah s’avança, et d’un cri déchaina l’Anima. Le combat fut violent, les deux créatures se déchirant dans une danse mortelle. Plusieurs membres du Pacte en profitèrent pour appuyer l’Anima avec un gigantesque marteau, manié par pas moins de quatre personnes ! Ahauran ne fut pas en reste, utilisant l’eau de Leacht pour affaiblir la créature des anti-éléments. Finalement, l’Anima envoya un dernier coup de poing massif dans le golem ennemi, qui tombait en déliquescence. Dans un gigantesque fracas, la construction arcanique s’effondra. Victoire ! Prenant à cœur son rôle de motivatrice de troupes, Tarys lança un mouvement de danse guerrière. Entourant Briinah et l’Anima, le Pacte célébra ce triomphe par un gigantesque haka. Une haie d’honneur pour la Confrérie fut même mise en place pour rentrer jusqu’au camp.

La Confrérie profita de prendre un peu de repos. Arfast insistant pour retourner au combat malgré ses blessures, Briinah, sa compagne, dut utiliser toute sa force de persuasion pour maintenir au repos l’homme-loup. Peter Gland réclama ensuite l’attention générale, fier de nous présenter la première cuvée d’une bière artisanale brassée par ses soins ! Bien qu’extrêmement mousseuse et difficile à servir, le peu que nous pûmes en boire s’avéra délicieux. Kal Dogan et Haraldur se lancèrent ensuite dans l’élaboration d’un code de cryptage pour les missives du Pacte, astucieux mais difficile à percer. Ils soumirent leur réalisation à l’intelligencia du Pacte. Les cerveaux continuèrent de chauffer lorsqu’un messager du nom de Penus nous apporta une missive d’un certain Kokiri, un satyre désireux de nous rejoindre. Originaire de Cliabhan, il se cachait pour l’instant quelque part au sud. Codé, le message fut soumis aux Sionnachs de la Confrérie.

Tandis que la lettre était décryptée, Arfast, Missina, Kal, Briinah et Hyldar prirent leur tour de garde aux portes principales du campement du Pacte. L’homme-loup fut désigné comme chef de la garde, et c’est gonflé de fierté qu’il prit son rôle à cœur. De son côté, Kal dut prendre un moment pour saisir les subtilités du contrôle de personne, laissant tour à tour rentrer des régiments d’étrangers, puis s’avérant aussi hermétique qu’une serrure de coffre naine…  La relative tranquillité de la garde vola en éclat lorsqu’Hyldar fut forcé de sonner la cloche d’alarme : des morts-vivants ! Profitant du couvert des brumes, plusieurs cohortes s’étaient avancées jusqu’aux pieds de nos murs. S’équipant à la hâte, le Pacte se prépara pour une sortie, tandis que plusieurs archers combattaient déjà du haut des remparts du camp. Enfin, profitant d’un relâchement de l’ennemi, nos forces ouvrirent à la volée les portes pour s’enfoncer dans les lignes adverses. Un second groupe attaqua leurs flancs, grâce à une ingénieuse sortie depuis une poterne secrète. L’attaque conjuguée força les morts-vivants à se replier dans une plaine voisine.

Enthousiasmés par ce succès, Alrune, Terkas et Haraldur apprêtèrent la Bouseuse, fraichement réparée, et se joignirent au combat sur la plaine. Mal leur en pris. Arrivés à la rescousse des morts-vivants débordés, une cohorte disciplinée de la Ratio s’était jointe au combat sur le flanc droit. Menés par leur Herald en personne, ils faisaient des ravages. Soudainement, la sombre entité avisa notre arme de siège, et la chargea de son pas pesant. En trois formidables coups, le Herald délogea les membres de la Confrérie, les envoyant valdinguer au loin… Enfin, l’ennemi sonna la retraite, se repliant dans les murs de la Forge. La plaine était à nous. Le Pacte sonna à son tour la retraite, rapatriant blessés et moribonds vers nos infirmeries déjà surchargées.

L’heure de la relève arriva enfin pour les membres de l’Equinox. Alors qu’ils quittaient leurs postes, les cloches du campement se remirent à sonner à la volée. Des troupes de la Glace Noire se préparaient à lancer un assaut. Succession de combats stériles, l’après-midi se termina dans le sang et la douleur. Enfin, le silence s’installa, brisé parfois par les cris d’un blessé.

La Confrérie profita d’un peu de calme pour se restaurer, et s’installer autour du grand brasero du camp. Celui-ci offrait un confort jusque-là jamais inégalé, attirant par son côté chaleureux de nombreux visiteurs et musiciens de passage. Boréal profita de la présence de tous nos membres pour s’exprimer. L’avenir de l’Equinox devait être discuté, et la possibilité de fonder une colonie en Atthagar, terres des Bracars, fut remise sur le tapis. La discussion devint houleuse, le sujet divisant les membres de la Confrérie. Farys, de passage, se permit de donner son avis, lui qui était déjà installé là-bas avec la troupe de mercenaires O Kosh Not Un. Enthousiaste, notre interprète attitré parlait déjà de commerce, d’échanges avec un mystérieux peuple fée, de banquets de l’amitié… Alors qu’il s’enflammait dans son coin, nous poursuivîmes le débat, aboutissant à un consensus.  Une colonie d’explorateurs pourrait être créée, les colons provenant des membres de notre peuple les moins liés au Darach. Boréal en pris note, et en discuterait avec les Bracars. Les discussions furent soudainement interrompues par un cri de victoire d’Alrune. Celle-ci tenait triomphalement dans sa main une petite sacoche de Fizzle ! Mélas, de la fierté dans le regard, expliqua qu’il s’agissait d’une des épreuves d’intronisation de l’amazone, rappelant à tous que même le plus doué des roublards peut être détroussé par quelqu’un débordant de motivation…

La soirée avançant, plusieurs de nos jeunes voisins commencèrent à rameuter du monde dans le camp du Pacte afin de lancer leur Coupe de Sang. Nombreux furent les participants, et plusieurs membres de la Confrérie se prêtèrent au « jeu ». Après des explications plus ou moins confuses, les apprentis assassins piochèrent dans une coupe gigantesque le nom de leurs premières cibles. Hyldar ouvrit immédiatement le bal en terrassant d’un « câlin » une Ahauran peu préparée à tant d’effusion. Il fut suivi par Fizzle, qui assassina magnifiquement un homme-oiseau avec un lacet d’étranglement. Mais le roublard eut à peine le temps de savourer sa victoire qu’il fut terrassé à son tour par Alrune, cachée dans les ombres. La nuit fut une longue succession de coups bas et de paranoïa aigue… Cela n’empêcha pas la Confrérie de lancer dans notre camp le désormais traditionnel rituel des animaux totems. Klaus, un troubadour de passage, se mêla à nous pour l’occasion, et se révéla être un redoutable adversaire au jeu. Surclassant même Fizzle, il nous avoua à la fin que son secret était d’être un état d’ivresse permanent, lui offrant un avantage certain dans les jeux à boire… Missina termina cette longue journée en éliminant adroitement Konorson en personne dans une taverne enfumée !

 

5ème jour

 

A nouveau, le levé fut particulièrement difficile. Le propre d’une bonne expédition est de donner son maximum la journée, et d’en profiter tout autant le soir venu… Fizzle étonna la Confrérie en s’improvisant intendant du déjeuner, Arkena pouvant enfin souffler un peu. Rassasié, Mélas se lança dans un échauffement matinal, avant de rejoindre son unité d’archers pour un petit entraînement. Il revint assez rapidement, dépité par le manque d’enthousiasme et les piètres performances de ses recrues… Peut-être afin de lui remonter un peu le moral, Tarys enjoignit les plus motivés à se lancer dans une séance de Pilox, un art traditionnel de Cliabhan pour la préparation physique. Quelques membres du Pacte de passage se prêtèrent aussi volontiers à l’exercice ! Les participants n’eurent pas le loisir de récupérer de leurs efforts, puisque le Pacte battit bientôt le rappel des troupes, afin de lancer une attaque directe sur la Forge des Âmes. Les anti-éléments occupaient depuis trop longtemps ce lieu de pouvoir !

Une fois sur la plaine, face à la gigantesque structure de la Forge, les forces du Pacte et du Sud avancèrent au pas cadencé. Les membres de la Confrérie préférèrent tenter une manœuvre de flanc, afin de surprendre les troupes ennemies qui commençaient à se déverser de leur forteresse. Profitant de leurs talents de dissimulation, les guerriers de l’Equinox s’avancèrent jusqu’à une tranchée, prêts à en surgir dès le début du combat. L’attente ne fut pas longue, et c’est au cri de « Tsaaaarfion » que nous nous élançâmes sur le flanc d’une cohorte de morts-vivants ! Le combat fut rude, l’avantage de la surprise de courte durée. Les innombrables guerriers de la Non-Vie nous forcèrent à reculer jusqu’à un lac de boue. Mélas, focalisé sur l’ennemi, perdit soudainement pied, et chuta lourdement dans l’étang brunâtre. Hydar retiendra de cet événement la tirade « Et Mélas de son pas aérien dans une flaque de boue se souilla l’arrière-train. »

Heureusement, nos alliés continuèrent leur avancée, acculant l’ennemi sous leurs murs. Les morts-vivants se replièrent dans la plus grande confusion, laissant la place à des troupes fraîches de la Ratio. Couverts par des archers sur les murs de la Forge, ils établirent une solide ligne défensive. Kal Dogan en profita pour défier en combat singulier un guerrier ennemi, sans doute dans le but de briser l’harmonie du mur de boucliers adverse. Utilisant des insultes colorées, il parvint finalement à attirer l’attention d’un combattant de la Ratio. Après plusieurs passes d’armes, Kal parvint à prendre l’avantage. Mais l’ennemi n’usurpa pas sa réputation de perfidie, puisqu’il fut brutalement attaqué dans le dos par d’autres guerriers de la Ratio. Sauvé in extrémiste, cette trahison enragea notre ligne qui pressa de plus belle l’ennemi contre ses murs.

Nulle émotion ne troubla toutefois le tir d’Haraldur, qui parvint à décocher une terrible flèche dans la tête d’une prêtresse mort-vivant perchée sur les remparts… Sur le flanc est, la troupe d’archers de Mélas fut utilisée à bonne escient, fonctionnant en binôme avec les guerriers au front. Malheureusement, une telle technique forçait la première ligne à prendre des risques, et Hyldar en paya le prix fort en écopant d’une grave blessure à l’épaule. Trainé hors des combats, il ne pourrait sans doute plus se battre du reste de l’expédition. Finalement, l’ennemi fut repoussé dans sa forteresse. Ne bénéficiant pas du soutien d’armes de siège, le Pacte et le Sud se replièrent vers nos lignes. Statut quo, mais les pertes des anti-éléments étaient lourdes.

De retour au camp, la fatigue accablait les guerriers de la Confrérie. Arfast remarqua à ce moment qu’il perdait petit à petit ses attributs de loup, l’absence du Darach se faisant cruellement sentir, physiquement comme spirituellement. Il fut alors décidé qu’une séance de bains s’imposait, afin de renouer avec les bienfaits de Leacht. Hyldar parvint à s’évader de l’infirmerie pour rejoindre les Glands, qui s’ébattaient déjà joyeusement dans un établissement thermal. Le moment fut bon enfant, seul un chaste tissu séparant les bassins hommes et femmes. Inutile de dire que le rideau valdingua à plusieurs reprises, et que l’alcool se mêla aux vapeurs des bains.

Afin de conclure cet instant de repos, plusieurs chopines furent ensuite descendues dans une taverne. Tarys fut alors traitreusement assassinée par un Bracar, la Coupe de Sang n’étant pas terminée. C’est à ce moment que plusieurs personnes commencèrent à remarquer l’impressionnante quantité de bracelets qu’Arkena portait au poignet, pris à ses victimes ! Agissant dans l’ombre, nous découvrions une nouvelle facette de la personnalité de la flamboyante intendante… Enfin de retour au camp, et sans doute ragaillardi par les bains, Terkas élimina coup sur coup sa cible puis Haraldur… avec un concombre ! Triste fin pour un elfe.

Alors que nous débouchions une bouteille de liqueur, des cris retentirent dans le campement du Pacte. Ing, officier des Bracar, avait été capturé avec d’autres dignitaires par les anti-éléments ! Rapidement mobilisées, les troupes du Pacte s’élancèrent vers la Forge, bien décidées à libérer les otages. Briinah décida même d’activer l’Anima pour ce combat. Mais ce déchainement de force s’interrompit abruptement quand il s’avéra que les otages étaient parvenus à se libérer par leurs propres moyens… Tout se perd.

Soulagés, les membres du Pacte lancèrent plusieurs banquets dans le camp afin de célébrer une journée de victoires. La Confrérie eut même l’honneur de recevoir un plateau de délicieuse viande offerte par le Wolfsbrut, ancienne promesse du Vieux Loup en personne. Mais toutes ces festivités ne surent détourner les elfes de la Confrérie de leurs devoirs. Prenant avec tout le sérieux elfique leur tâche, ils établirent un solide poste de garde aux portes principales. Ils installèrent même un paillasson pour les gens souhaitant entrer dans le campement…

Mais la garde elfique fut brutalement interrompue par une attaque de morts-vivants ! Chargeant directement les portes, les membres de la Confrérie eurent tout juste le temps de les refermer et de les barrer. Alors que les flèches pleuvaient sur nos positions, Briinah décida d’activer une nouvelle fois l’Anima, chargée à pleine puissance. Dirigeant l’arme du Darach vers nos murs, la championne ordonna aux gardes d’ouvrir en grand les portes. Chargeant les morts-vivants, l’Anima lâcha sur l’ennemi toute la colère de l’Equinox. Déstabilisées et brisées, les lignes ennemies se débandèrent et fuirent. Au son de l’ocarina, le golem de la Confrérie entama alors une danse de la victoire.

A peine l’Anima fut-elle mise en repos qu’une seconde attaque survint, Glace Noire en première ligne. Le Pacte utilisa adroitement les poternes du rempart, prenant l’ennemi sur les flancs. Noxxia, ayant empoigné un arc, s’avoua redoutable dans cet art, affichant un score parfait ! La ligne de Glace Noire brisée, Kal et Alrune s’enfoncèrent dans les rangs des morts-vivants qui suivaient. Provoquant en duels plusieurs guerriers de la Non-vie, les deux combattants de l’Equinox s’en tirèrent avec quelques blessures, bien que victorieux. Leurs succès leurs montèrent quelque peu à la tête, puisqu’ils tournèrent ensuite leur attention vers un nouvel ennemi, des orcs en maraude. Kal Dogan se jeta sur le plus gros peau-verte qui lui faisait face, un peu surpris par cet assaut furieux. Alrune en profita pour attaquer le monstre dans le dos, mais la cuirasse de l’orc le protégea. Pis, le guerrier écrasa Kal d’un formidable revers. Désormais enragé, le monstre chercha à trancher Alrune. Réussissant à rejoindre nos lignes, l’amazone eut la surprise de voir le peau-verte s’arrêter face aux nombreux guerriers du pacte, et s’ouvrir lui-même la gorge ! Drôle de sens de l’honneur… Soudainement, poussant des hurlements de loups, le Wolfsbrut amorça une charge au cœur des lignes ennemies, les mettant en déroute.

Encore tremblante et chargée des émotions du combat, Briinah réalisa ensuite qu’elle avait combattue sans le soutien de l’Anima. C’est à ce moment que Missina annonça à sa jeune sœur qu’elle venait d’accomplir une partie des épreuves d’intronisation. Ainsi, Briinah avait entre autre vaincu sa peur du combat, gouté à divers plats et pratiques de plusieurs groupes du Pacte, été élue championne … Malgré tout, il lui restait encore deux épreuves majeures à accomplir ! Missina se montrait particulièrement stricte avec sa sœur…

Alors que nos troupes regagnaient la sécurité du campement, les elfes de la Confrérie reçurent les félicitations de l’officier de la garde du jour pour leur service exemplaire. Ils allaient devenir imbuvables…

Le soir venant, l’air se chargea d’énergies mystiques, et la magie élémentaire courait dans le campement du Pacte. Un grand rituel des éléments allait avoir lieu. L’ensemble du Pacte de Sang y participa, attirant sur la plaine devant nos murs une importante foule de curieux venant de nombreuses autres factions. Encore imbibée du sang des morts et des blessés, l’énergie mystique que la terre dégageait était impressionnante.  Le rituel fut divisé en plusieurs phases, une par Elément du Cycle. Fearg ouvrit la danse, mélange de sueur, de fureur et de feu, les marteaux de forgerons battant la cadence aux rythmes des tambours. Gaiothe s’invita ensuite, faisant gonfler sa voix à travers un chœur mixte, et ne laissant derrière lui qu’une explosion de plumes. Puis ce fut Darach, incarné par l’Anima. Escortée par une ligne de boucliers, galvanisée par une danse furieuse et des duels, la créature fut finalement chargée en puissance tellurique par une prêtresse de Terra. La créature laissa la place à la douceur de Leacht, incarnée par des prêtresses qui entourèrent de leurs forces un couple enlacé. Portés à bout de bras, les amants furent purifiés par les bienfaits de la Mère Nourricière. Enfin, Adharc, Sionnach et Gliocas laissèrent éclater leur voix par l’intermédiaire de danseurs recouverts d’or, qui se livrèrent à un Haka furieux. Le rituel des éléments atteint son apothéose lorsque l’ensemble du Pacte fut invité à danser autour d’un gigantesque brasier, rappelant au monde entier que le Pacte de Sang et les Eléments étaient encore là.

 

6ème jour

 

Encore galvanisés par le rituel des Eléments, les membres de la Confrérie se levèrent accompagnés par les désormais traditionnelles mais ô combien bienvenues vapeurs du Kas-Phé d’Arkena. Profitant d’avoir l’ensemble de la Confrérie à portée de voix, Mélas nous expliqua avoir réussi, au terme de plusieurs jours d’effort, à obtenir le titre de Rafik Tural. Il s’agit d’une fonction honorifique chez les Naldars, des suivants d’Aeris, signifiant littéralement « Compagnon du Bec de Griffon ». Arborant désormais avec fierté deux plumes blanches et une plume bleue, sans compter une plume de sa propre unité d’archers, Mélas avait tout du volatile, le mélodieux de son chant en moins. Mais le maître archer était heureux d’avoir trouvé des suivants de l’arc chez les Naldars. Après les félicitations d’usage, Tarys, Hyldar et quelques autres compagnons partirent en délégation auprès de l’Ost Noir, afin de leur remettre un présent. Les suivants de Slaanesh nous ayant offert précédemment la possibilité de prendre contact avec le Pacte, nous nous devions d’honorer cet acte. Une couverture mauve d’une grande finesse avait été tressée avec soin par des artisans elfes dans ce but.

Invitée sous la yourte principale de l’Ost, la délégation fut accueillie par plusieurs dignitaires slaaneshis. Après quelques présentations formelles, le Protector en personne fit son entrée, son armure encore couverte de sang et de poussière. Le protocole diplomatique fut toutefois conservé, et le présent offert fut grandement apprécié. Une « soirée particulière » de l’Ost devait honorer notre couverture… Alors que les discussions reprenaient, Fizzle arriva à l’entrée de la yourte pour prévenir les compagnons qu’une attaque de grande envergure du Pacte allait avoir lieu. Avec tout le décorum possible, la délégation prit congé des slaaneshis, et regagna en toute hâte le camp. Armés, équipés, les guerriers de l’Equinox prirent le chemin de la guerre. Briinah activa pour l’occasion l’Anima, investie désormais de l’énergie tellurique du rituel des Eléments.

Rejoignant les troupes du Pacte, la Confrérie marcha en direction de la Forge des Ames, bien décidée à faire tomber la forteresse. Mais qu’elle ne fut pas la surprise du Pacte de Sang en voyant s’élever de la fumée de la Forge, et des soldats des autres camps coalisés perchés sur les remparts ennemis ! Leurs bannières flottaient déjà au vent, et des cris de victoire s’élevaient un peu partout. Furieux, les officiers du Pacte s’entretinrent avec les autres commandants coalisés. Ceux-ci expliquèrent que, suite à une trahison des Geier, un groupe du Pacte particulièrement instable, l’ensemble de nos forces avaient été tenues à l’écart de l’attaque ! Les Geier répliquèrent, dans leur langue brouillonne, avoir agi uniquement dans l’intérêt de leur survie, la Reine des Os leur offrant de nombreuse garanties en échange d’un simple artefact. Une enquête allait devoir être menée à l’intérieur du Pacte…

La Confrérie reprit donc le chemin du camp, quelque peu dépitée. L’Anima fermait la marche, au son de l’ocarina. Alors que nous approchions de nos murs, l’inimaginable se produit : le golem se retourna contre nous, envoyant valdinguer d’un coup de poing Kal Dogan. Saisie de tremblements, la créature ne réagissait plus aux ordres de sa championne, menaçant d’attaquer les compagnons l’entourant. Alors que sa crise semblait avoir atteint son paroxysme, Briinah s’effondra soudainement, perdant conscience. Une voix s’éleva alors de la carcasse de bois, d’os et de pierre de l’Anima. Il s’agissait de l’esprit désincarné de Balg’Eros Riar, le père disparu de Briinah et Missina ! Au terme de puissants efforts, il expliqua que les anciens clans Ursia, Goupil et Uniel’Vin s’étaient rendus coupables de trahison, l’avait assassiné et incarcéré dans l’Anima. Un ordre magique avait été placé en lui, détruire de l’intérieur la Confrérie ! Mais le grand rituel des Eléments de la veille lui avait permis de regagner un semblant d’autonomie, et de lutter contre le sortilège. Alors que ses dernières forces l’abandonnaient, il s’excusa de son absence auprès de ses filles, mais jura que la vérité passait avant tout.

L’Anima s’immobilisa alors, apathique. Bien que réagissant encore à des ordres mineurs, la créature semblait avoir perdu de sa puissance et de sa combativité. Alors qu’une troupe de guerriers passait à côté de nous en chantant, l’Anima alla même jusqu’à les suivre un moment. Mélas dut utiliser toute sa force musicale pour rappeler la créature, et, aidé de Missina, parvint à la reconduire au camp. Briinah resta encore inconsciente plusieurs heures, l’attaque de l’Anima semblant l’avoir fortement affectée. Alors qu’elle revenait à elle, de vives discussions éclatèrent. Trahison ! Ce mot fut répété à de nombreuses reprises, et la suspicion s’installa dans la Confrérie, tel un poison corrosif. Un traître rôdait-il dans nos rangs ? Plusieurs sorts de vérités furent utilisés par Kal Dogan, notamment sur Ahauran Uniel’Vin, Mélas et Peter. Kal ne maitrisait visiblement pas l’exercice, et il peina quelque peu à trouver les questions à poser. L’échange avec Peter et Mélas fut quelque peu confus, et loin d’éclairer la situation il jeta un nouveau voile de mystère sur les deux compagnons ! Mais il s’avéra qu’ils n’étaient pas traîtres envers la Confrérie. L’innocence d’Ahauran fut également prouvée, bien que l’elfe nous avoua avoir reçu une lettre de sa mère qui l’enjoignait à se tenir à l’écart de l’Anima. Dissimuler cette information lui valut de nombreux reproches. Haraldur insista à son tour pour se livrer au sort de vérité, bien décidé à prouver son innocence malgré l’implication du Clan Goupil. Ses goûts douteux en matière capillaire furent les seules choses que l’on pouvait reprocher à l’elfe flamboyant.

Les esprits s’échauffant, le cas de Tarys fut soudainement évoqué. Ahauran alla même jusqu’à l’accuser de traitrise ! Sous la pression de la Confrérie, elle rendit public le contenu de la lettre de son père. La missive l’informait que sa mère, une puissante druidesse du nom de Scyllan, avait été assassinée par de mystérieux assaillants, sans doute suite à ses découvertes liées à l’état d’affaiblissement du Darach. Bien que connaissant l’identité des meurtriers, le père de Tarys refusa de divulguer l’information, de peur de détourner sa fille de sa missive. Ahauran exposa alors l’idée d’utiliser les pouvoirs naissants de Rove en matière de divination et de chamanisme pour prendre contact avec l’esprit de la mère de Tarys. Celle-ci s’hérissa face à cet acte jugé contre nature, s’en prenant violement à l’elfe. Et lorsqu’Ahauran suggéra de tenir à l’écart la guerrière lors de la divination, un ouragan éclata. Le caractère explosif de la guerrière se heurta au cynisme et à l’esprit méticuleux d’Ahauran ; elles échangèrent coup pour coup dans une joute verbale particulièrement violente. Finalement, Boréal parvint à apaiser quelque peu Tarys, et Rove jura de contacter la druidesse défunte avec tout le respect qui lui était dû.

Officiant dans un espace discret du camp, Rove entra au bout de quelque temps en transe, les yeux révulsés, Fluffy dégageant d’inquiétantes lueurs verdâtres. Une voix désincarnée et croassant retentit soudainement, par l’intermédiaire de notre chamane. Confuse au début, Scyllan parvint finalement à nous mettre en garde contre les anciens clans, qui dissimulaient de noirs desseins. Traîtres à l’Equinox, ils étaient des ennemis implacables ! Faiblissant, Rove du finalement rompre le contact. Désorientée, la chamane s’avérait toutefois posséder désormais de puissants pouvoirs.

L’ampleur de la trahison des anciens clans jeta un voile de consternation sur la Confrérie, Ahauran et Haraldur étant particulièrement touchés par la perfidie de leurs propres familles. Si la première se retira en larmes sous sa tente pour écrire une longue lettre à sa mère, le second préféra s’armer avec hargne, cherchant sans doute dans les combats à venir un exutoire. Boréal jugea alors que le moment était venu de révéler à la Confrérie le destin du Gland d’Or. Pressentant qu’une telle trahison pouvait arriver, le Gardien des Traditions avait décidé, avec le concours d’Hyldar, d’emporter secrètement à la fin de l’expédition précédente le Gland d’Or sur Mythodea. Le scribe avoua ensuite être un agent du Haut Conseil, chargé d’appuyer dans sa mission le Gardien des Traditions, et de rapporter à sa hiérarchie les agissements de la Confrérie de l’Equinox. Ces doubles révélations finirent de sonner les compagnons. Puis éclatèrent les questions, suivies des reproches face aux risques insensés pris par Boréal. Stoïque, il essuya les critiques, et jura être prêt à en subir les conséquences.

Le Gardien des Traditions souligna toutefois que rien de fâcheux n’était arrivé, et que le Gland était désormais en sûreté dans un lieu secret. Un code dissimulé sur une carte permettrait aux compagnons de retrouver, le cas échéant, le précieux artefact. Pensifs, les membres de la Confrérie se retirèrent en petits groupes pour discuter. Mais ils furent brutalement interrompus par un messager du Pacte : les anti-éléments attaquaient la Forge des Âmes, fraichement reprise.

En armes, le Pacte de Sang pénétra dans la Forge, dont les ouvrages défensifs avaient étés hâtivement réparés. Des troupes de toutes les bannières s’y massaient déjà, ajustant sur les remparts plusieurs armes de siège. La Confrérie se dirigea naturellement vers un énorme chêne, dont le feuillage les protégea d’une pluie drue. Sentant que la fin pouvait être proche, le résultat de la Coupe de Sang fut donné à ce moment ! Arkena se plaça en seconde position, à quelques bracelets de la gagnante. Mais cette dernière devait se méfier des regards que l’ardente elfe lui lançait…

Bien décidés à canaliser l’énergie électrique qui régnait, plusieurs chamans Wuwultschuk entonnèrent une danse tribale et sauvage sous le grand chêne, alors que les éléments se déchainaient autour ! Puis la guerre éclata. Sous une pluie torrentielle, le Pacte lança plusieurs sorties. Les archers vidèrent de nombreux carquois sur les troupes ennemies qui s’agglutinaient sous nos murs. Mais le poids du nombre se faisait sentir, et finalement une phalange de la Glace Noire parvint à abattre une porte secondaire de la Forge. Une créature de la Pestilence s’élança alors au milieu de nos troupes, offrant à nos ennemis l’espace suffisant pour envahir la cour principale. Le combat fut féroce, mais nos troupes s’effondraient sous le nombre. Un puissant champion de la Glace Noire canalisa même une sombre magie pour faire exploser la tour principale du rempart, là où les archers elfes de la Confrérie combattaient. Chutant à l’extérieur de la Forge, ils ne durent leur salut qu’à leurs réflexes prodigieux. Engagés au corps à corps, ils furent rejoints par Fizzle, Boréal et Kal Dogan, qui leur offrirent une échappatoire !

Blessés, les membres de la Confrérie se replièrent pour laisser la place à des troupes fraîches venues en renfort de l’extérieur. Kal Dogan combattit au-delà de ses limites, et seule l’intervention de plusieurs compagnons le forcèrent à se replier à son tour. Lançant toutes leurs forces dans la bataille, les troupes coalisées des colons de Mythodea parvinrent finalement à écraser les anti-éléments, les forçant à se replier sur le Monde-Miroir par un grand portail magique non loin de la Forge des Âmes. Victoire !

Au prix de grands efforts, les compagnons de l’Equinox rejoignirent notre camp. Nos soigneurs travaillèrent de nombreuses heures pour retaper les blessés, apportant ensuite leur aide aux soigneurs du Pacte, débordés. Préparant en urgence du Kas-Phé, Arkena nous ménagea une bulle de tranquillité au milieu de ce chaos. Ereintés, les compagnons récupéraient autour du brasero. Mélas en profita pour apporter un peu de légèreté, en annonçant que sa filleule Alrune, la guerrière amazone, avait accompli ses tâches. Elle devenait ainsi officiellement membre de la Confrérie. Rove prit ensuite la parole, et annonça qu’Arfast avait lui aussi triomphé de plusieurs épreuves, mais que sa formation n’était pas encore achevée. De même, l’impitoyable Missina réservait encore à Briinah une ou deux surprises… Quant à Tarys, dans un grognement, elle avoua que Kal s’était bien débrouillé en résistant à toutes les épreuves de la guerrière, mais que son intronisation devait encore attendre un peu. Et c’est sous les applaudissements que l’après-midi s’acheva.

La soirée et la nuit furent consacrées à la victoire, alcool et nourriture à profusion contentant les fêtards. Invités pour une dernière nuit sous la tente des Bracars, Boréal, Alrune, Kal, Tarys, Cardonielle et Hyldar goutèrent à leur hospitalité, assistant même au couronnement improvisé d’un Ing particulièrement aviné. Et c’est dans un mélange de sang, de sueur et de danse que la nuit avança…

Au matin, la majorité des compagnons composaient avec les excès de la veille. Le Kas-Phé d’Arkena, qui s’était montrée plus raisonnable, sauva de nombreuses vies. Et c’est les yeux encore collés par la fatigue que les compagnons découvrirent un message de Fizzle, planté dans la table avec une dague. Accompagné d’Ahauran, de Mélas et d’Haraldur, ils avaient dû embarquer en tout urgence, profitant de la marée. Déjà sur une piste, Fizzle voulait agir de toute urgence afin de couper l’herbe sous le pied des anciens clans, et découvrir un moyen de lutter contre l’affaiblissement du Darach. Puisse le Père Chêne les protéger !

L’expédition touchait à sa fin. La Forge des Âmes avait été reprise, et Boréal profita de l’esprit encore embrumé de Bar, diplomate des Bracars, pour obtenir quelques concessions pour la future colonie de l’Equinox… Les Compagnons commencèrent alors la douloureuse tâche d’embarquer leur matériel à bord du Mumak Doré et du Sombre Manouche, en vue de leur retour sur Cliabhan. D’importantes discussions sur l’avenir de la Confrérie devaient y avoir lieu, et une rencontre secrète dans un lieu discret fut déjà organisée. Les soutes pleines, les deux navires s’élancèrent sur l’océan, suivis par la rapide frégate de transport d’une partie des compagnons.

La traversée du retour fut longue et particulièrement éreintante pour les équipages des navires. Une tempête terrible sépara le Mumak Doré et le Sombre Manouche de la petite frégate rapide, les compagnons ne se retrouvant tous ensemble au Havre du Lotus que bien des jours plus tard. Cliabhan, notre patrie, notre foyer, n’offrait plus la sécurité d’antan depuis que nous la savions gangrénée par des traîtres. La Confrérie devait se montrer plus soudée que jamais si elle voulait triompher, et faire renaître le Darach, afin de perpétuer le Cycle !

 

Je marche dans une vieille forêt, un chant murmure à travers les arbres. Je n’en comprends pas les paroles… Les montagnes proches, les couleurs connues –étrange. C’est une contrée inconnue. Cherche l’été, le lieu où l’arc-en-ciel touche la terre, couvre les yeux, vois ! paysages beaux, fabuleux… Où sont les frères les sœurs, quand je suis si seule ici, entre des murs vides ? Je cherche en une crête de montagne où vit le vent…

Je trouve !